Des débuts loin du crédit
Rien ne prédestinait Yannick Coquelin à devenir courtier. Son premier métier ? Technicien audiovisuel. Pourtant, dès la fin des années 1990, il bifurque vers le monde de l’assurance en rejoignant AGF, où il découvre la finance et se forme intensivement pendant dix-huit mois. C’est là que naît son intérêt pour le crédit, une curiosité qui ne le quittera plus.
En 2003, il franchit un cap et entre au Crédit Mutuel, où il apprend les arcanes de la banque de proximité. Mais ce n’est pas la banque traditionnelle qui le captive le plus : c’est le regroupement de crédits, un métier encore balbutiant à l’époque. Il se forme auprès de Patrick Chanson, figure du secteur et pionnier du courtage, et gravit rapidement les échelons jusqu’à devenir directeur commercial.
Le choix de l’indépendance
Après neuf années aux côtés de Patrick Chanson, Yannick ressent le besoin de voler de ses propres ailes. En 2017, il fonde Imagine ton crédit. L’aventure débute modestement, dans son garage, « à la Steve Jobs », dit-il avec humour. Dès ses premiers pas, les banques locales lui accordent leur confiance, reconnaissant ses compétences et son sérieux.
Son projet repose sur deux piliers : le prêt immobilier et le regroupement de crédits, deux univers qu’il considère comme complémentaires. Mais surtout, il bâtit son entreprise autour de trois valeurs qui lui tiennent à cœur : le respect, l’amour et la foi. Une trilogie inattendue dans un secteur dominé par les chiffres, mais qui résume bien sa philosophie : « Sans amour de son métier, il n’y a pas de satisfaction possible », insiste-t-il.
Une entreprise familiale et résiliente
Installée dans l’Allier, Imagine ton crédit s’est développée jusqu’à compter trois agences (Vichy-Bellerive, Gannat et Montluçon-Moulins). L’équipe a connu des hauts et des bas : un effectif de neuf personnes en 2022, réduit sous la pression économique, puis consolidé autour de quatre collaborateurs stables, auxquels s’ajoute un nouveau commercial recruté en octobre 2025.
Avec de droite à gauche : David Vignal dernier arrivé responsable de secteur 63, Alison Debout: analyste RAC, Sandrine COQUELIN : assistante de direction et gestion back-office, Sophie Martin : responsable Agence Montluçon.
Yannick n’a pas hésité à s’entourer de proches : son épouse, formée aux 150 heures réglementaires, assure désormais le back-office, tandis que deux collaboratrices, Sophie Martin et Alison Debout, pilotent respectivement l’agence de Moulins et l’activité de regroupement de crédits. « Je suis fier d’avoir pu verser un premier intéressement à mes salariés cette année », confie-t-il. Un signe fort, après deux années de tempête.
Une vision du métier : authenticité et conformité
Au fil des ans, Yannick a forgé une conviction : le courtage ne peut survivre que par l’authenticité et la rigueur.
Il explique avec franchise que le système de réseau de MIOB n’est pas son modèle économique. S’il en reconnaît l’efficacité pour certains, il estime qu’il demeure difficilement maîtrisable et souvent source de dérives en matière d’accompagnement et de conformité. Yannick préfère un modèle fondé sur la proximité, la transparence et la responsabilité directe, où chaque collaborateur s’inscrit dans une structure solide et encadrée plutôt que dans un réseau éclaté et difficile à contrôler.
À contre-courant, il mise sur le salariat participatif : imaginer des agences détenues en partie par leurs responsables, ni franchise ni licence, mais un modèle hybride basé sur la confiance et le partage. Et surtout, il insiste sur la conformité : contrôlé par l’ACPR, il a mis en place l’ensemble des dispositifs exigés (LCB-FT, RGPD, registre des avoirs gelés, procédures internes) avec l’iepb. « Je rêve d’un jour où un label, type ISO, permettra de distinguer les courtiers exemplaires », affirme-t-il.
Défenseur du mandat exclusif
Autre cheval de bataille : la sécurisation des honoraires. Yannick a adopté le mandat exclusif, inspiré par les travaux de l’UIC, afin de protéger la rémunération des courtiers. « Le mandat doit être équilibré, fondé sur le Code civil, le Code de la consommation et le Code monétaire et financier », explique-t-il. Ce dispositif a réduit les litiges : ses registres de réclamation sont vides.
Il plaide également pour une clarification du rôle des notaires : « Si le courtier est mentionné dans l’offre de prêt, il doit être payé. » Une évidence pour lui, encore trop souvent contestée.
Un regard critique sur les institutions
Sans langue de bois, Yannick se montre sévère vis-à-vis des associations professionnelles agréées, qu’il juge trop politisées : « Elles ont une mission de contrôle, pas d’accompagnement. Or, beaucoup se servent de leur statut pour développer du business parallèle. » Il regrette aussi un manque de veille juridique pragmatique, laissant les courtiers livrés à eux-mêmes face à une réglementation toujours plus complexe. «Heureusement, dit-il, que l’IOBETTE paraît tous les mois pour apporter de l’information concernant la distribution de crédits.»
Quant aux normes du HCSF, il les juge mal calibrées : « Le 35 % d’endettement, appliqué sans prendre en compte le reste à vivre, exclut injustement de nombreux investisseurs. » Il craint qu’un excès de rigidité ne freine la production de logements, pourtant indispensable.
Le futur du courtage : humain et local
Dans un monde bouleversé par la digitalisation et l’IA, Yannick croit fermement à l’irremplaçable valeur de l’humain. Pour lui, l’avenir passe par des agences physiques, des rencontres en face-à-face, et un devoir de conseil renforcé. « Les banques ferment des agences, mais elles devront compter sur nous, les courtiers, pour garder le lien avec les clients. »
Son ambition ? Développer Imagine ton crédit comme une marque reconnue, fidèle à ses valeurs. « On peut tout automatiser, mais on ne remplacera jamais l’écoute et la bienveillance. Les jeunes clients de néobanques en sont la preuve : ils reviennent vers nous parce qu’ils ont besoin d’un interlocuteur. »
Conclusion
Avec sa trajectoire atypique, son franc-parler et sa volonté de replacer l’humain au centre du courtage, Yannick Coquelin incarne une vision exigeante mais porteuse d’avenir. Respect, amour, foi : ses trois valeurs sonnent comme une devise, rappelant que derrière chaque financement, il y a une vie, un projet, une histoire.