On associe souvent le surendettement à des situations de précarité financière. Pourtant, cette réalité est plus complexe. De plus en plus de ménages disposant de revenus confortables se retrouvent englués dans un endettement difficile à gérer.
Comment expliquer ce phénomène ?
La facilité d’accès au crédit, couplée à une société de consommation effrénée, est l’un des principaux facteurs expliquant le surendettement des ménages aisés. Les cartes de crédit, les crédits à la consommation et les prêts immobiliers sont autant d’outils qui permettent de dépenser au-delà de ses moyens immédiats. Cette facilité à s’endetter pousse de nombreux consommateurs à adopter des modes de vie qui ne sont pas soutenables à long terme.
Des événements de vie bouleversants peuvent également plonger des ménages aisés dans le surendettement. Une perte d’emploi, un divorce, des problèmes de santé importants : ces situations peuvent engendrer des dépenses imprévues et mettre à mal un budget jusque-là équilibré. La pression sociale est également un facteur aggravant. Le désir de maintenir un certain niveau de vie, de posséder les derniers modèles et de suivre les tendances peut conduire à des dépenses excessives et à un endettement croissant. Les réseaux sociaux, qui mettent en scène des modes de vie souvent irréalistes, exacerbent ce phénomène.
Selon la Fondation Crésus, un réseau d’associations spécialisées dans l’aide aux personnes surendettées, de plus en plus de personnes en situation de fragilité financière perçoivent des revenus supérieurs à 3 000 euros par mois. Ce constat met en évidence l’ampleur du phénomène et la nécessité d’adapter les dispositifs d’accompagnement aux réalités de ces nouveaux profils de surendettement.
Quelles solutions pour sortir de l’endettement ?
Une prise de conscience : La première étape pour sortir de l’endettement consiste à prendre conscience de l’ampleur du problème et à accepter de se faire aider.
Un accompagnement personnalisé : Des associations spécialisées proposent des accompagnements personnalisés pour aider les personnes surendettées à établir un budget, à négocier avec les créanciers et à trouver des solutions adaptées à leur situation.
Une prévention renforcée : Il est essentiel de renforcer la prévention du surendettement en sensibilisant le public aux risques de l’endettement excessif et en encourageant une meilleure éducation financière.
Une opération de regroupement de crédits : le pays aujourd’hui compte de nombreux IOBSP experts de ce domaine. On peut déplorer que cette solution soit toujours “ignorée” par les pouvoirs publics, les services sociaux et les associations d’aides. Car cette solution, bien que coûteuse, a le mérite de ne pas exclure du champ bancaire le ménage qui y a recours. Ces experts du regroupement ont très souvent une solution avant la procédure lourde de surendettement.
Le surendettement ne concerne pas uniquement les personnes aux revenus modestes. Il touche également des ménages aisés, qui peuvent se retrouver rapidement dépassés par leurs dettes. Face à ce phénomène complexe, il est nécessaire de mettre en place des solutions adaptées pour aider les personnes en difficulté à retrouver une situation financière stable.
Malgré une légère décélération par rapport aux mois précédents, le phénomène de surendettement continue de s’aggraver en France. Selon les derniers chiffres publiés par la Banque de France, le nombre de dossiers de surendettement a augmenté de 13% en avril 2024 par rapport à la même période l’année précédente.
Si cette hausse est moins marquée qu’auparavant, elle s’inscrit dans une tendance de fond qui inquiète les autorités. Sur les quatre premiers mois de l’année 2024, le nombre de dépôts de dossiers a progressé de 16% par rapport à 2023, témoignant d’une situation financière de plus en plus difficile pour de nombreux ménages.
Des signaux mitigés :
D’autres indicateurs confirment cette tendance. Le nombre d’inscriptions au Fichier national des incidents de remboursement des crédits aux particuliers (FICP) a ainsi augmenté de 7% sur le premier trimestre 2024, signe d’un accroissement des difficultés de remboursement.
Toutefois, le tableau n’est pas entièrement sombre. Le nombre de désignations de droit au compte, qui garantit l’accès à un compte bancaire à toute personne résidant en France, est en baisse. Cela pourrait indiquer une amélioration de la situation financière de certains ménages. De plus, les demandes d’informations et d’accompagnement auprès de la Banque de France sont en hausse, ce qui suggère une prise de conscience des problèmes et une volonté de trouver des solutions.
Les causes d’un phénomène complexe :
Les causes de cette hausse du surendettement sont multiples et complexes. L’inflation galopante, la hausse des taux d’intérêt et la persistance d’une partie des ménages dans une situation précaire liée à la crise sanitaire sont autant de facteurs qui expliquent cette situation.
Les enjeux :
Face à cette situation, les pouvoirs publics et les acteurs de la banque sont appelés à redoubler d’efforts pour accompagner les ménages en difficulté. Le développement de solutions d’accompagnement budgétaire, l’amélioration de l’accès au crédit social et la prévention du surendettement sont autant de pistes à explorer.
Facteurs actuels influençant l’inclusion financière :
La procédure de surendettement est une solution de dernier recours qui peut aider les particuliers à sortir d’une situation financière difficile. Cependant, il est essentiel de comprendre que le surendettement ne touche pas uniquement les personnes aux revenus modestes. Même des ménages disposant de ressources importantes peuvent se retrouver confrontés à des difficultés d’endettement, en raison de mauvaises gestions financières, de crédits mal maîtrisés ou de circonstances imprévues.
Pour éviter de recourir à cette procédure, une bonne éducation financière est primordiale. Adopter une gestion rigoureuse des dépenses et une régulation responsable des crédits sont des mesures clés pour prévenir et traiter ce phénomène. Ainsi, l’objectif doit être d’agir en amont, de contrôler son endettement et d’acquérir une meilleure maîtrise de ses finances personnelles pour éviter de tomber dans le piège du surendettement.
Yassine BORDA
Responsable du Pôle Formation IEPB.
Sources :