Le rapport annuel 2023 de l’ORIAS (Organisme pour le registre des intermédiaires en assurance, banque et finance) est enfin tombé, et il ne laisse pas indifférent.
Avec des chiffres qui font le tour des conversations dans le milieu, ce document révèle un état des lieux à la fois préoccupant et prometteur pour les intermédiaires.
Alors, que cache réellement ce rapport ? Plongeons dans les détails croustillants.
Des réformes qui font du bruit.
La réforme du courtage, mise en œuvre cette année, a nécessité que plus de 49 000 intermédiaires adhèrent à des associations professionnelles agréées par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).
Bien que cela soit présenté comme un pas vers une meilleure régulation, le taux de renouvellement de 89 % — en dessous de la moyenne historique de 95 % — fait déjà grincer quelques dents.
Les murmures dans les couloirs suggèrent que certains intermédiaires se sentent étouffés par cette nouvelle bureaucratie, mais la question qui se pose est : cette réforme a-t-elle été trop rapide pour un secteur déjà fragile ?
En effet, le rapport révèle une diminution globale de 2,6 % du nombre d’intermédiaires inscrits, totalisant 69 277 entreprises.
Les mandataires d’intermédiaires d’assurance, eux, ont connu un recul de 4,2 %, tandis que les courtiers en opérations bancaires affichent une chute alarmante de 9,6 %.
Ces chiffres ne mentent pas : la crise du crédit pèse lourdement sur le moral des troupes.
Pendant ce temps, les conseillers en investissements financiers semblent tirer leur épingle du jeu avec une progression de 5,5 % ce qui pourrait indiquer un changement dans les préférences des consommateurs, mais cela soulève également des interrogations sur la pérennité des intermédiaires traditionnels.
Deplus, certaines APA émettent toujours un mécontentement sur la comptabilisation des mandataires qui parfois peuvent être en doublon, le système de l’ORIAS ne sachant pas distinguer un MIOB de courtier en opérations de banque et de MNE (mandataire non exclusif de banque)
Cette ambiguïté dans la comptabilisation des mandataires pourrait être à l’origine de certaines difficultés observées dans les statistiques, soulignant ainsi la nécessité d’une clarification et d’une amélioration du système de comptabilisation.
Qualité du Service : Une Amélioration à Saluer
Un point positif du rapport est l’amélioration notable dans le traitement des demandes d’inscription.
L’ORIAS a réussi à traiter ces demandes en moyenne en cinq jours au second semestre 2023, atteignant même un record d’un jour au dernier trimestre. Cette efficacité est à applaudir, cependant elle soulève aussi des questions sur la rigueur des évaluations menées. Est-ce que cette rapidité ne risque pas d’entraîner des erreurs dans le processus d’immatriculation ? nous nous posons la question.
Toutefois, le contrôle de l’honorabilité reste une priorité pour l’ORIAS, avec plus de 23 000 demandes traitées cette année.
Bien que ce processus soit essentiel pour maintenir un niveau élevé d’intégrité dans le secteur, il est évident qu’une sensibilisation accrue est nécessaire. Les discussions autour d’une formation continue obligatoire pour ces professionnels s’intensifient. Après tout, qui veut confier ses finances à quelqu’un dont l’honorabilité n’est pas garantie ?
Transparence : Une Obligation Mal Respectée
La nouvelle obligation imposée aux intermédiaires de fournir des coordonnées publiques vise à renforcer la transparence et à lutter contre les arnaques financières.
Cependant, le rapport indique que le niveau de conformité reste insuffisant.
Il est donc impératif que tous les intermédiaires respectent cette obligation, car la confiance des consommateurs est en jeu.
Les rumeurs sur des pratiques douteuses continuent d’alimenter une atmosphère de méfiance envers certains acteurs du marché.
À l’approche de 2024, plusieurs priorités se dessinent pour l’ORIAS : assurer la conformité des intermédiaires avec les nouvelles exigences réglementaires et faciliter les démarches administratives via des processus dématérialisés. Ces initiatives sont nécessaires pour moderniser le système, mais elles devront être accompagnées d’une vigilance accrue face aux défis économiques persistants.
En définitive, le rapport annuel 2023 de l’ORIAS met en lumière un secteur en pleine mutation, confronté à des défis majeurs, mais aussi à des opportunités. Alors que l’organisme continue d’œuvrer pour garantir la transparence et la conformité des intermédiaires, il est clair que tous les acteurs doivent prendre conscience des enjeux réglementaires afin d’assurer une meilleure protection du consommateur.
L’engagement vers une amélioration continue et une sensibilisation accrue sont essentiels pour naviguer dans un paysage financier complexe.
Dans ce contexte, il sera intéressant de suivre comment le secteur évoluera face à ces changements et quelles stratégies seront mises en place pour répondre aux attentes croissantes des consommateurs.
Car, le monde des intermédiaires est sous haute tension et tous les regards sont braqués sur l’ORIAS.
Restons donc attentifs, les prochains mois pourraient bien réserver quelques surprises !
Charles Hubert MEYERGUE
Juriste à l’IEPB
26, BOULEVARD HAUSSMANN 75009 PARIS

