David Morainville ne ressemble pas à l’idée qu’on pourrait se faire d’un courtier.
Il parle doucement, avec application, et débute notre entretien en vantant les mérites et bienfaits de l’eau chaude. « J’ai mon petit bol d’eau chaude, comme en Asie », lance-t-il, sourire en coin.
Une habitude qui reflète une philosophie : se recentrer, garder l’énergie, vivre avec conscience.
À ses yeux, le courtage n’est pas une suite de dossiers mais un « métier passion ». Il se résume en trois mots : « Papa, sportif, et courtier engagé. »
- Être père, pour lui, c’est une source de discernement.
- Le sport, une discipline du corps et de l’esprit. David est marathonien : il court régulièrement sur de longues distances, avec la même endurance, la même constance qu’il applique à son travail.
- Il est aussi tennisman : “J’adore le tennis parce qu’il ne faut pas savoir uniquement renvoyer les balles ; c’est un peu comme l’IOBSP, ” dit-il. “Ce n’est pas qu’un taux”, poursuit-il. Il précise qu’il s’ennuierait s’il fallait juste mettre un taux dans un champ Excel, “Mon Dieu, je ne ferais pas ce métier !”, s’exclame-t-il. Il poursuit son analogie sur le Tennisman, parce qu’il faut savoir envoyer les balles, même les balles les plus inattendues. “Mais il faut savoir aussi construire, il faut savoir s’adapter, il faut savoir modifier sa stratégie selon son objectif, et aussi selon le jeu de l’adversaire, parce qu’on sait très bien que le mariage des jeux est parfois difficile.”
Avant de devenir IOBSP, il passe quinze années dans le groupe Xerox, dans des fonctions commerciales et managériales. Il y apprend le rapport à la performance, à la décision, à l’analyse. Mais c’est dans le contact humain, le terrain, l’aspect financier qu’il s’épanouit le plus. Naturellement le crédit s’impose à lui : « L’intermédiation me permettait d’être libre, tout en accompagnant vraiment les gens. »
Après ces années chez Xerox, David suit un cursus à l’ESSEC, l’une des écoles supérieures de commerce les plus reconnues en France. Mais plutôt que de se reposer sur ce prestigieux diplôme, il choisit de suivre une formation spécialisée IOBSP de niveau 1, en présentiel au Crédit Foncier. Objectif : comprendre en profondeur les ressorts techniques du métier. Il ne veut pas faire semblant. Il veut être armé.
Il découvre alors la richesse et la complexité du métier.
Chaque projet nécessite un montage spécifique, selon qu’il s’agisse d’une résidence principale, d’un investissement locatif ou de la création d’une SCI. Il constate aussi que le niveau de compréhension des banquiers sur ces montages varie énormément. Pour lui, c’est un monde vaste, qui nécessite de modéliser finement les opérations et d’anticiper les interactions avec les établissements bancaires.
Son expérience dans l’optimisation des processus industriels chez Xerox l’aide à poser les bonnes questions : À quelle étape du processus en est-on ? Qui traite le dossier ? Que se passe-t-il au niveau du scoring, des engagements, du comité des risques ? Cette culture du fonctionnement interne des grandes organisations constitue aujourd’hui, selon lui, un atout majeur dans l’exercice du métier.
C’est aussi son entourage qui va jouer un rôle déclencheur. Ses proches commencent à lui poser des questions sur le crédit, sur les montages financiers, et découvrent qu’il connaît déjà beaucoup de choses. À force de les aider, de leur expliquer les mécanismes, David
réalise à quel point il prend plaisir à le faire. Il aime transmettre, structurer, rendre compréhensible ce qui semble technique. C’est ainsi que l’idée de devenir IOBSP s’impose à lui, presque naturellement, comme une extension logique de ce qu’il est déjà.
En 2016, il se lance et choisit d’emblée d’intégrer la franchise Immofinances, fondée par Tayeb Belghazi — que nous saluons ici.
Pour David, c’est un choix cohérent avec son besoin d’autonomie encadrée et de professionnalisme structuré.
Depuis, David dirige son propre cabinet à Paris. Il reste attaché aux conventions bancaires, qui apportent un cadre et une capacité d’action renforcée pour défendre ses dossiers. Mais il insiste aussi sur l’importance de la diversification. Selon lui, le courtier de demain ne peut plus se contenter d’un seul produit : il doit s’élargir, apporter du conseil, construire des solutions globales. C’est dans cet esprit qu’il a passé la certification CIF et qu’il est devenu Conseiller en Investissement Financier. Il explique que cette évolution s’est faite
naturellement : ses clients le sollicitaient déjà pour des projets d’investissement ou des questions fiscales. Aujourd’hui, son cabinet suit environ 180 foyers fiscaux. Il n’a pas vocation à tout faire, mais il se réserve le droit d’intervenir là où il peut apporter une vraie valeur. Il dit observer parfois des situations fiscales sous-optimisées, et c’est là qu’il active son rôle de conseil : après avoir accompagné un projet de financement, il propose un éclairage patrimonial, libre au client d’en tirer parti ou non. Pour faire ce métier, il faut aimer les gens, conclue-t-il sur cette première partie.
Actualités et conjoncture : taux de l’usure, concurrence, normes HCSF, réformes associatives …
David Morainville n’esquive aucun sujet. Sur le taux de l’usure, il est clair : « Il est indispensable pour protéger l’emprunteur contre des propositions de prêt farfelues ou trop chères. » Mais il alerte aussi sur les effets pervers : « Il devrait pouvoir s’adapter à un rebond brutal des taux, pour ne pas bloquer tout le marché. »
La concurrence, il ne la craint pas, bien au contraire. « C’est un signe de vitalité du marché. Et pour les clients, quel confort ! Un seul interlocuteur pour interroger tout le marché, c’est un vrai plus. »
Il reconnaît cependant que les normes HCSF, en durcissant les conditions d’accès au crédit, ont complexifié la mission du courtier. « Il faut être plus pédagogue que jamais », dit-il, à l’égard de clients parfois perdus face à des refus automatisés ou mal expliqués.
Sur les associations professionnelles agréées, David estime que leur rôle est important, notamment sur le fond. Il considère qu’elles viennent renforcer les obligations essentielles du métier : la conformité, la médiation, les conditions d’honorabilité, la capacité professionnelle, la responsabilité civile professionnelle ou encore la garantie financière. Pour lui, lorsqu’on est IOBSP, il est difficile de tout suivre soi-même, et ces associations apportent un soutien utile à l’activité principale. Il les voit comme des structures qui permettent d’éviter les décadrages, en recentrant régulièrement sur les bonnes pratiques, car chacun, dit-il, a envie de bien faire.
Ce que vous aimeriez dire : vos besoins, vos attentes, votre vision
David Morainville ne joue pas les héros solitaires. Il ne revendique pas une posture, mais une ligne. Celle de la clarté.
Il revient sur son choix d’intégrer Immofinances en tant que franchisé. « Ce n’est pas arrivé par hasard. Le modèle de la franchise me permettait d’allier autonomie et cadre. »
Mais ce modèle a évolué. « Jusqu’en 2019, nous étions rémunérés exclusivement par les banques. C’était simple : le client ne payait rien, et nous étions payés 1 % sur le montant emprunté par commissionnement bancaire. Puis les banques ont divisé leurs commissions par deux, voire les ont supprimées. Notre modèle ne tenait plus. »
En tant que franchisé, David échange régulièrement avec Tayeb Belghazi, pour faire évoluer le modèle économique. Ensemble et avec le réseau, ils constatent que les commissions bancaires s’effondrent et qu’il faut réagir. Ils optent alors pour une facturation d’honoraires de courtage : « 1,5% du montant financé, transparent, contractuel » David, fidèle à ses convictions humanistes, partage volontiers son temps et ses idées pour contribuer à l’amélioration collective du modèle.
Ce choix est exigeant, mais salutaire. Il permet de rétablir un équilibre économique, mais surtout de redonner une valeur visible au travail du courtier. Une manière aussi de rompre avec une posture attentiste, où le courtier attend tout de ses conventions.
David estime aussi que si la profession est soumise à un niveau d’exigence réglementaire élevé — conformité, formation, médiation, honorabilité — alors elle devrait en retour disposer d’un pouvoir mieux reconnu. Il appelle à une forme d’équilibre, qu’il compare à une balance de Roberval : « à force de nous imposer des règles, il faut aussi nous donner des leviers concrets ». Il considère par exemple que les IOBSP devraient pouvoir formaliser une attestation de recherche infructueuse de crédit, avec une valeur juridique réelle. Selon lui, même s’ils ne sont pas prêteurs, leur rôle de recherche est légitime et devrait être mieux reconnu. Cette reconnaissance passerait aussi par un statut plus affirmé au sein de la chaîne du financement.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui se lancerait dans le métier aujourd’hui ?
« D’abord, ne pas le faire seul », commence David. « Ce métier exige de la technicité, de la rigueur, mais aussi de l’humilité. Il faut pouvoir échanger, se former, grandir avec les autres. »
Il recommande de rejoindre un réseau, une structure, une organisation qui propose un accompagnement réel, pas un simple habillage marketing. « Chez Immofinances, on ne vend pas du rêve. On propose une réalité exigeante, mais soutenue. »
Aux jeunes IOBSP, il suggère de choisir un modèle économique viable, sans tout attendre des banques.
À ce stade, il est important de revenir sur les valeurs qui lient David à Immofinances. Il aime rappeler la philosophie des « 3 A » qui irrigue l’ADN du réseau : Avis, Accompagnement, Accord. Trois piliers simples, concrets, efficaces.
- Avis, parce que la satisfaction client est au cœur de la démarche.
- Accompagnement, parce qu’un dossier ne se traite pas seul : il faut être présent, disponible, et à l’écoute.
- Accord, pour illustrer le taux de réussite particulièrement élevé du réseau — proche de 100 %.
David partage aussi les valeurs fondatrices du réseau : l’excellence opérationnelle, la rigueur, la transparence et l’engagement dans la durée. Elles incarnent à ses yeux ce que le métier de courtier peut encore être : un artisanat expert au service de projets humains.
Enfin, il termine sur une note d’espoir : « Ce métier est magnifique. Il doit être pratiquer avec clarté, sincérité, et envie. Et si vous aimez vraiment les gens, alors vous êtes déjà sur le bon chemin. »
Propos recueillis le 2 juin 2025
par Jérôme CUSANNO.