Anthony est un pur grenoblois puisque né à Grenoble d’un père d’origine italienne et d’une mère française. Il a toujours vécu à Grenoble où il a fait ses études, créé sa première société et fondé sa famille. Comme beaucoup de personnes de sa génération il est passionné par l’informatique et la programmation et c’est donc naturellement dans cette voie qu’il a continué ses études en alternance pendant 5 ans. Sorti de l’université, il trouve son premier job, mais Anthony me dit qu’il a toujours voulu créer sa propre entreprise. A ses temps perdus, il a commencé à développer un outil de gestion commerciale dont il était plutôt fier, d’autant plus qu’il pensait être pionnier dans ce domaine, me dit-il en riant. C’est au moment des tests de commercialisation qu’il s’est aperçu que le marché était déjà bien saturé en matière de logiciels de gestion.
Il n’y a pas que l’informatique dans sa vie, Grenoble étant un petit village qui a bien grandi, j’ai appris par des relations, étant grenoblois également, qu’il était un très bon batteur et je n’ai pas pu m’empêcher de lui en parler.
Au fil de la discussion j’ai également appris qu’il aimait la boxe. Il faut des dérivatifs et des passions pour trouver l’inspiration.
Lorsqu’il a voulu se lancer dans son premier achat immobilier, il est allé trouver un courtier, avec qui le courant est plutôt bien passé, et très vite une relation d’amitié s’est développée entre les deux. Le courtier a effectué sa mission avec brio, tandis qu’Anthony lui parlait de son souhait de développer un logiciel de gestion commerciale. Un jour, son ami courtier lui demande de lui en faire une démonstration. Le courtier en tant que professionnel lui a indiqué certaines fonctionnalités qu’il souhaiterait trouver dans ce logiciel afin que celui-ci puisse être professionnellement exploitable. Anthony, doué dans la programmation, s’est mis à l’Å“uvre, et a même effectué un stage dans les locaux de son ami IOBSP pour apprendre le métier.
De cette immersion est née la première version de Courtisia, logiciel qui existe encore aujourd’hui et qui est distribué par sa société, Fletesia, que certains connaissent. Il ne manquait plus que de refaire un essai de commercialisation. Anthony a mis la casquette de commercial et s’est rendu chez des courtiers de la région grenobloise. Il a trouvé son premier client, un spécialiste du financement immobilier en phase de développement et qui justement était à la recherche d’un outil informatique. C’est ainsi que les premières licences de Courtisia se sont vendues. Anthony qui avait déjà référencé sa société depuis longtemps sur Google dit avoir certainement bénéficié d’un référencement qui lui était favorable car d’autres courtiers qui s’installaient l’ont rapidement sollicité. L’aventure commençait, nous étions en 2015, et Anthony décide de quitter son poste de salarié pour ne se consacrer qu’à son projet. Dès lors, les offres de logiciels se sont multipliées, avec des tarifs et des fonctionnalités assez éparses, mais aujourd’hui, le marché s’est stabilisé et les offres se tiennent. Il ne fallait pas pour autant s’endormir sur ses lauriers, il faut toujours se développer, innover, et éventuellement se réinventer, précise-t-il.
C’est alors qu’au contact des courtiers en financement immobilier, Anthony a vu poindre une demande d’une solution informatique pour le financement professionnel. Nouveau défi ? Anthony a vu une belle opportunité de développement tant personnel que professionnel, et bien entendu, la programmation de base du financement immobilier a servi dans ce nouveau chantier. Cependant, pour ceux d’entre vous qui distribuent déjà des prêts professionnels, vous savez que l’offre est tout à fait différente, d’une technicité soutenue et les produits très épars. Cela, Anthony avait déjà pu s’en rendre compte lors de ses premières recherches. Il a donc souhaité dresser un cahier des charges et a recruté des courtiers en financement professionnels pour donner vie à leurs souhaits en matière de logiciel en passant par les simulations bien entendu, mais aussi par les documents d’information et de contractualisation, tout en fournissant des ressources de cotations par le biais de ponts numériques avec des sites officiels et de l’Etat. L’objectif était d’une très grande envergure mais Anthony a relevé ce défi et la version professionnelle de Courtisia a vu le jour en 2020, comme vous le savez, en pleine pandémie de COVID.
On aurait pu penser que cela serait un frein au succès de ce nouvel outil, mais bien au contraire ! Le confinement puis les relations professionnelles à distance ont accru le besoin d’une interface CCB, client-courtier-banque, et Courtisia Pro répondait justement à ce besoin.
Toujours en veille, Anthony a constaté que de plus en plus d’IOBSP se diversifiaient et convergeaient vers de l’assurance et de la gestion de patrimoine. Il savait qu’un jour, certains de ses clients allaient lui demander des évolutions pour les aider à exercer leurs missions.
La gestion de patrimoine, c’est une autre paire de manches, mais après tout, pourquoi pas, s’est dit Anthony. Après 2 ans de concertations, et de développement informatique, Anthony lance sur le marché Serenisia, à notre connaissance, le seul logiciel qui englobe à la fois une solution informatique pour IOBSP et de gestion de patrimoine.
En tant que prestataire de services des IOBSP, as-tu été impacté par la conjoncture très tendue que ces professionnels viennent de traverser ?
2020 a été une très bonne année en termes de développement commercial, tandis que 2021 a été l’année de l’amorce de la crise entre les banques et les courtiers avec les baisses de commissionnement et les ruptures de convention. Il était inévitable que par effet de ricochet nous soyons impactés. Dès 2022 des courtiers ont préféré commencer à réaliser des économies et déjà nous avions des résiliations de licence. Avec le durcissement des normes du HCSF, et la remontée brutale des taux débiteurs, nous avons assisté à un nombre important de résiliation de nos services informatiques, mais cette fois pour motif de liquidation judiciaire. Ce n’était pas réjouissant car en tant que chef d’entreprise moi-même,
j’imaginais très bien la situation, et bien entendu, la perte de chiffre d’affaires était sérieuse, confie-t-il. Anthony pense que la situation s’est stabilisée. C’est un bon indicateur.
La technologie évoluant très vite, il faut se tenir à jour et en phase avec les besoins de sa clientèle. Après concertation avec des IOBSP, Anthony a lancé un chantier de refonte tant dans l’ergonomie, l’esthétique et la simplification des applications que dans l’intégration de nouvelles fonctionnalités.
Justement Anthony, qu’en est-il de l’IA ?
Anthony s’arrête un instant et me sourit. Il est informaticien, donc l’IA, bien sûr qu’il connaît, mais il commence par m’expliquer qu’aujourd’hui c’est la nouvelle mode marketing. On surfe sur la vague de l’IA, des gens réclament de l’IA de partout, et il faut répondre aux besoins du marché avant toute chose, mais je pense – dit-il – qu’il faut anticiper le plus possible les transitions comme celle-ci, afin d’éviter les chocs, me fait-il remarquer. D’une part, Anthony reproche à l’IA d’être pour le moment un outil, mais un outil qui dit parfois des bêtises, et cela peut interférer dans la qualité de la mission de l’IOBSP, mais d’autre part, est-ce qu’un jour l’IA ne deviendra pas un intermédiaire elle-même ? Déjà des banques investissent dans une solution d’IA pour la gestion de la relation client en matière de prêt. Il faut donc être prudent et maîtriser cet outil. Pour le moment, il faut répondre aux besoins du marché, et Anthony a intégré dans la nouvelle version de Courtisia un module spécial de renégociation de prêt, ainsi que la possibilité de gérer une relation client basée sur le conseil indépendant. Il pense en effet que les courtiers ne peuvent plus faire sans le conseil indépendant qui leur permet de travailler différemment.
En outre, les courtiers interrogés ont largement insisté sur la diversification des produits dans la cohérence de leur métier de base intégrant donc des modules sur l’épargne, la fiscalité ou encore la retraite.
Aujourd’hui, tout IOBSP doit avoir une solution logicielle avec des automatisations afin d’augmenter sa productivité tout en maintenant un niveau de sécurité à la fois informatique et de conformité, précise-t-il.
Justement Anthony, j’aime donner à nos lecteurs des points de vue et des conseils émanant de professionnels. Que peux-tu nous dire ?
Si une personne souhaite devenir IOBSP, il faut d’abord qu’elle apprenne le métier et si elle lit cet article, elle aura toutes les coordonnées nécessaires pour être bien accompagnée. Il faut surtout s’équiper d’une solution informatique complète pour atteindre l’excellence et être capable de traiter tous les cas de figures d’un prospect. Cette solution doit permettre des automatisations, mais aussi et surtout de gérer la relation avec le client proposant une interface à distance pour les échanges de documents et d’informations, mais aussi pour l’édition des documents réglementaires, et que ces documents soient à jour au regard de la législation.
L’outil informatique doit également permettre le lien entre l’IOBSP et le client mais aussi entre l’IOBSP et ses financeurs. Il est également important d’avoir une base documentaire, une bibliothèque de documents comme certains l’appellent. Et pour terminer, Anthony conseille de développer un réseau d’indicateurs d’affaires et de futurs mandataires. Enfin, il lui semble crucial que leur outil informatique permette la facturation, le suivi et la gestion de l’entreprise mais également de la gestion des relations commerciales et des rétrocessions.
S’installer, en tant qu’indépendant, aujourd’hui reste possible.
Anthony conclut en me disant que les intermédiaires de crédits devraient plus dialoguer et échanger sans penser qu’un confère n’est qu’un concurrent. Il y a des problématiques communes qui peuvent être réglées plus facilement en commun.
Propos recueillis le 25/06/2024 par Jérôme CUSANNO.

