Dans l’univers de l’intermédiation de crédit, certains professionnels se distinguent par un parcours construit pas à pas, sans précipitation, avec une volonté constante d’apprendre et de progresser. C’est le cas d’Ugo Manaranche. À travers son interview, il se dévoile avec sincérité, revenant sur des étapes qui ont façonné son métier : ses débuts, son attachement à la relation client, sa transition vers le courtage et sa vision actuelle du secteur. Son récit témoigne d’une trajectoire solide, structurée, et animée par une passion profonde pour le crédit immobilier et le service rendu aux emprunteurs.

Une histoire personnelle façonnée par la découverte du métier
Comme beaucoup de jeunes en fin d’études, Ugo ne savait pas précisément quelle voie choisir au début de sa vie professionnelle. Il le raconte avec humilité : cette période fut marquée par l’incertitude et un besoin d’être guidé vers une profession qui ferait sens pour lui. C’est dans ce contexte que se produit une rencontre déterminante.
Il se souvient d’un échange marquant avec un conseiller bancaire. Ce premier contact avec le métier devient un révélateur :
« J’étais complètement perdu à ce moment-là, et c’est lors de mon premier rendez-vous bancaire que je suis tombé amoureux de ce métier. »
Cette phrase résume parfaitement la naissance d’une vocation. Ce n’est pas une projection intellectuelle ou un plan de carrière réfléchi qui le conduit vers la banque, mais une expérience humaine, simple, directe. Le contact avec un professionnel qui lui présente un métier où l’on aide les gens à construire leurs projets.
À partir de là, tout s’enchaîne naturellement :
« J’ai enchaîné sur un BTS Banque, puis une licence Banque et Assurance en alternance. »
Cette formation, à la fois théorique et pratique, l’ancre immédiatement dans le fonctionnement concret du monde bancaire. Il y apprend la rigueur, l’analyse et l’importance de la relation avec le client. L’alternance lui permet d’être opérationnel dès ses premières années.
En 2009, il commence sa carrière à la Banque Populaire. Il gravit les échelons progressivement, découvrant différents aspects du métier.
« J’ai commencé à la Banque Populaire en 2009 et j’ai évolué jusqu’en 2016. »
Pendant ces années, il développe un goût particulier pour le financement immobilier. Ce domaine, plus complexe que d’autres, conjugue technicité et écoute active. Il prend plaisir à accompagner les clients dans des moments importants de leur vie. Ce qu’il aime dans son métier, c’est de participer à la réalisation d’un projet qui dépasse le simple acte financier.
« Ce qui me motivait, c’était vraiment le crédit et la réalisation du projet des clients. »
Son parcours en banque lui offre une structure, une méthodologie et une compréhension fine de ce que représente un dossier de crédit : l’analyse, la présentation, la cohérence globale du montage. Autant d’éléments qui deviennent des atouts précieux pour la suite.
De la banque au courtage : un changement naturel dans la continuité
Après plusieurs années en établissement bancaire, Ugo ressent le besoin d’évoluer. Non pas par rejet de son environnement, mais par volonté d’aller plus loin dans l’accompagnement des clients. Le courtage s’impose progressivement comme une évidence. Il lui permet d’exploiter toute son expertise tout en ouvrant le champ des possibles.
Lorsqu’il évoque son passage au courtage, il insiste sur l’importance des compétences acquises en banque. Selon lui, elles constituent un socle indispensable :
« Je conseille toujours aux courtiers qui souhaitent se lancer de commencer par la banque. »
Pour lui, travailler en établissement financier donne des fondations solides :
« Cela permet de comprendre comment fonctionnent l’analyse et la présentation d’un dossier. »
Lorsqu’il se lance dans le courtage, Ugo met à profit cette expérience. Il sait déjà détecter les points d’attention, anticiper les questions, structurer les informations. Ce regard analytique lui permet de se positionner rapidement comme un professionnel fiable et organisé.
En 2022, il franchit un cap supplémentaire : la création de sa propre structure.
« Je me suis lancé à mon compte en 2022. »
Cette décision marque un tournant dans sa carrière. Elle s’accompagne d’un engagement total dans son activité, d’une organisation nouvelle et d’une autonomie complète dans la gestion des dossiers. Aujourd’hui, sa structure s’est étoffée :
« Aujourd’hui, nous sommes quatre au sein de Réussir son Crédit. »
Ce développement illustre la dynamique de croissance de son cabinet et sa capacité à fédérer autour de lui.
Une vision claire d’un métier qui se professionnalise

Ugo observe l’évolution du secteur avec réalisme et sérénité. Pour lui, le métier d’intermédiaire en crédit est en pleine transformation. Les attentes des clients augmentent, les normes se multiplient, les pratiques se renforcent. Loin de percevoir ces changements comme des contraintes, il y voit une opportunité de montée en compétence et de crédibilisation de la profession.
« Le monde devient de plus en plus compliqué, il faut des experts dans chaque domaine. »
Cette phrase résume parfaitement sa philosophie : les clients ont besoin de professionnels capables de les accompagner dans un univers financier de plus en plus technique. Les années où l’on pouvait exercer avec peu de connaissances semblent, selon lui, révolues. L’évolution actuelle pousse les courtiers à devenir plus exigeants, plus précis, plus structurés.
Il apprécie d’ailleurs que le métier évolue dans ce sens :
« Je trouve que c’est bien que le métier se professionnalise. »
Cette professionnalisation passe, selon lui, par la formation continue, la transparence, la maîtrise des mécanismes de financement et la conformité aux obligations réglementaires. Autant d’éléments qui garantissent la qualité du service rendu aux emprunteurs.
Pour Ugo, la confiance des clients repose en grande partie sur cette légitimité professionnelle. Il rappelle l’importance de vérifier que son interlocuteur est habilité :
« C’est important de vérifier que le courtier a le droit d’exercer et qu’il fait bien son travail. »
Cette remarque simple, neutre et pleine de bon sens témoigne de son engagement en faveur d’un métier structuré, sérieux et respectueux des règles.
Le regard d’Ugo Manaranche sur le HCSF et l’équilibre du marché immobilier
Lorsqu’il aborde la question des normes du HCSF, Ugo Manaranche adopte une lecture pragmatique, ancrée dans l’observation du terrain. Il rappelle d’abord que ces règles avaient, à l’origine, vocation à répondre à une situation particulière. Selon lui, elles devaient constituer un outil de régulation ponctuel, destiné à accompagner une période de tension sur le marché du crédit.
Il insiste toutefois sur un point fondamental : avant l’instauration de ces normes contraignantes, le marché immobilier français fonctionnait de manière équilibrée. Les banques, rappelle-t-il, n’accordaient pas les financements de façon irréfléchie. Les mécanismes de contrôle existaient déjà, et le taux d’échec restait contenu. Le crédit immobilier permettait alors de répondre aux besoins des ménages, sans générer de déséquilibres majeurs.
Ugo souligne qu’à cette époque, l’ensemble de la chaîne immobilière était en mouvement. Les constructions se développaient, les jeunes ménages pouvaient accéder à la propriété ou faire construire, et le parc locatif répondait aux besoins. Ce fonctionnement global, selon lui, n’appartient pas à un passé lointain : il s’agissait d’un marché récent, dynamique, et structuré.
Dans son analyse, le décalage apparaît aujourd’hui entre des règles pensées pour un contexte spécifique et une réalité économique profondément modifiée. Les normes, devenues permanentes, ne correspondent plus toujours à l’état actuel du marché. Pour Ugo Manaranche, cette rigidité contribue à freiner des projets pourtant viables, alors même que le secteur immobilier traverse une phase de ralentissement.
Son propos ne remet pas en cause le principe de régulation, mais interroge son adaptation dans le temps. Il plaide implicitement pour une lecture plus souple, plus en phase avec la réalité du terrain, rappelant qu’un marché immobilier équilibré a déjà existé et qu’il a su fonctionner durablement sans ces contraintes devenues, selon lui, excessives.
La vision d’Ugo Manaranche sur l’avenir du courtage
Lorsqu’Ugo Manaranche évoque l’avenir du courtage, son analyse s’inscrit dans une observation plus large des transformations en cours. Pour lui, le métier d’intermédiaire de crédit ne peut être dissocié de l’évolution profonde du monde bancaire et des attentes des clients. Il le résume simplement : le monde est en train de changer.
Selon lui, les banques ont progressivement évolué vers des modèles plus généralistes. Elles proposent aujourd’hui une large gamme de services, mais avec un niveau d’expertise plus dilué qu’auparavant. Cette transformation modifie naturellement la relation avec les clients, qui se retrouvent confrontés à un environnement de plus en plus complexe, marqué par la multiplication des règles, des normes et des exigences administratives.
Dans ce contexte, Ugo constate une attente croissante de la part des clients. Ceux-ci recherchent désormais des professionnels capables de maîtriser un domaine précis, de leur expliquer les mécanismes et de les accompagner de manière personnalisée. Pour lui, cette évolution est structurelle : à mesure que les règles se complexifient, le besoin d’expertise devient central.
Il observe également un recul progressif de la proximité bancaire. La fermeture des agences et la transformation des modèles de distribution modifient les habitudes. Cette distance renforce, selon lui, le rôle des intermédiaires, qui deviennent des points de contact essentiels pour les clients souhaitant comprendre et structurer leurs projets.
Dans cette dynamique, le courtier prend une place de plus en plus importante. Non pas comme un simple relais, mais comme un expert capable de faire le lien entre des établissements devenus plus éloignés et des clients en quête de compréhension et de clarté. Pour Ugo Manaranche, l’avenir du courtage s’inscrit donc dans cette montée en compétence et cette capacité à répondre à une demande d’expertise réelle.
Son regard sur l’avenir n’est ni alarmiste ni excessivement optimiste. Il repose sur une lecture pragmatique des évolutions du marché : un monde plus complexe, des acteurs plus spécialisés, et une place croissante pour ceux qui savent accompagner les clients avec rigueur et professionnalisme.
Ses conseils aux futurs professionnels : commencer par la banque
Ugo ne donne qu’un seul conseil clair et direct dans l’interview, et il est d’autant plus précieux qu’il est issu de son propre parcours. Lorsqu’on lui demande ce qu’il recommanderait à un professionnel souhaitant se lancer dans l’intermédiation de crédit, il insiste sur un point fondamental :
« Je conseille toujours aux personnes qui souhaitent se lancer dans le courtage de crédit de commencer par la banque. »
Pour lui, la banque constitue une étape structurante, presque fondatrice, pour comprendre réellement les mécanismes du financement.
Il explique qu’un passage en établissement bancaire permet d’acquérir une vision globale du métier. La banque, selon lui, est une véritable école : on y apprend à vendre, à gérer des situations complexes, parfois tendues, et à faire face à des clients en attente de réponses claires. On y développe également des compétences transversales essentielles, qu’il s’agisse de gestion comptable, d’analyse des crédits ou, plus largement, de tout ce qu’un futur chef d’entreprise doit maîtriser avant de se lancer.
Mais au-delà des compétences techniques, Ugo insiste surtout sur un point déterminant : la compréhension de la manière dont les décisions sont prises. Travailler en banque permet de saisir la logique hiérarchique des établissements, d’identifier les différents services impliqués et de comprendre que rien ne se valide de manière isolée. Les dossiers suivent des circuits précis, répondent à des règles internes et sont arbitrés par des interlocuteurs clairement identifiés.
C’est cette connaissance fine de l’organisation bancaire qui, selon lui, fait toute la différence une fois devenu courtier. Avoir été « de l’autre côté » permet de mieux analyser les dossiers, de les présenter de façon plus pertinente et de s’adresser aux bonnes personnes, avec le bon discours. Comprendre comment fonctionne la banque de l’intérieur, c’est aussi se donner les moyens de négocier plus efficacement et d’accompagner les clients avec davantage de justesse.
Pour Ugo Manaranche, ce passage par la banque n’est donc ni un détour ni une obligation, mais un véritable accélérateur de professionnalisation. Une étape qui permet d’aborder ensuite le métier de courtier avec une compréhension plus fine des enjeux, des contraintes et des décisions qui structurent le monde du crédit.
Propos recueillis par
Jérôme CUSANNO
Le 10/12/2025
Réussir son Crédit



